Le château de Nicolas Fouquet
Dimanche 17 mars 2013. Un dimanche de mars occupé à ramener Léa à Evry. Tiens, et si j'allais visiter un château dans le coin. Points d'intérêt du GPS : château de Vaux-le-Vicomte***... ça, c'est une bonne idée ! 28 km plus loin, je gare la voiture au parking aménagé face au château. "Ah oui, quand même..." Le temps n'est pas génial, mais alors que ce château est beau !
Un peu d'histoire d'abord (merci Wikipédia !). Construit pour le surintendant des finances de Louis XIV, Nicolas Fouquet, le château date du XVIIe siècle (1658-1661). Ce dernier fit appel aux meilleurs artistes de l'époque pour bâtir ce château : l'architecte Louis Le Vau, premier architecte du roi (1656), le peintre Charles Le Brun, fondateur de l'Académie de peinture (1648), le paysagiste André Le Nôtre, contrôleur général des bâtiments du roi (1657) et le maître-maçon Michel Villedo. Leur talent avait déjà été réuni par le jeune Louis XIV pour construire le château de Vincennes en 1651-1653. Le roi refera appel à eux pour construire le château de Versailles, celui de Vaux-le-Vicomte servant alors de modèle.
Le 17 août 1661, Fouquet reçoit le roi et toute la cour de France pour une fête grandiose de 3.000 personnes organisée par son intendant François Vatel pour inaugurer la fin des travaux du château de Vaux-le-Vicomte. Cette fête ne comptera en rien dans la décision prise de longue date par Louis XIV de faire arrêter Fouquet par D'Artagnan. La fortification de Belle-Île, l'armement de 17 vaisseaux de guerre qui y relâchent, et surtout les onze millions détournés (il en reconnaîtra huit devant le tribunal) sont de sérieuses raisons d'inquiéter le souverain. À l’issue d’un procès politique de trois ans, Fouquet est condamné et passe ses 15 dernières années emprisonné dans la forteresse de Pignerol en Italie, où il meurt le 3 avril 1680. Voilà pour l'histoire.

L'organisation générale. Le château conserve du plan féodal traditionnel, avec une plate-forme entourée de larges douves en boue, dont il occupe le sud. Les ailes n’existent presque pas, ce type d’architecture étant apparu au cours de la première moitié du XVIIe siècle. Le château comporte un corps central avec trois avant-corps côté cour et une pièce en rotonde au centre de la façade regardant les jardins. Il y a quatre pavillons, deux de forme rectangulaire, côté jardin, et deux autres de forme carrée côté cour, qui, vus latéralement, semblent pourtant jumeaux, tradition de l’architecture française.
Le salon dit « en rotonde », pièce unique, est formé par le vestibule et ce grand espace, forme comme une travée centrale. Cette disposition, dite aussi « en lanterne », permet au visiteur d'avoir une vue traversante dans l'axe cour d'honneur-perron-vestibule-allée en perspective des jardins situés de l'autre côté. Dans le rez-de-chaussée, côté jardin, se trouvent deux appartements ; l’un, destiné au Roi, est situé à gauche tandis que l’autre, à droite, est celui de Nicolas Fouquet. Les pièces du rez-de-chaussée côté cour sont, en 1661, des chambres complétant les deux appartements côté jardin; s’y trouve une pièce servant de salle à manger. La cuisine est à l’opposé de la salle à manger, mais communique avec le buffet du rez-de-chaussée grâce au couloir longitudinal. Deux couloirs latéraux furent ajoutés en 1659 sur ordre de Vatel, alors maître d’hôtel de Nicolas Fouquet. À gauche se trouvent, côté cour, l’appartement de Fouquet, et côté jardin, celui de son épouse, composés sur une épaisseur de douze mètres d’une antichambre et d’un cabinet de travail.
Allez zou, pas le temps de traîner. Direction le château. La visite commence par l'antichambre de Madame Fouquet, doté d'un très beau secrétaire. Puis viennent le salon privé et sa chambre. La Chambre des Muses — chambre de Fouquet — est décorée d'un plafond et d'une voussure de Le Brun. Ce décor représente le « Triomphe de la Fidélité », allusion de la fidélité de Nicolas Fouquet au roi durant la Fronde. Huit muses se répartissent dans les quatre coins de la voussure.

Petite visite de la charpente de la coupole. Tout simplement magnifique. Un enchevêtrement de poutres et un escalier qui monte jusqu'au balcon. De là, on a une une panoramique exceptionnelle des jardins et des dépendances du château.

Retour au premier étage. On poursuit la visite par les appartements du roi et la salle de jeux. Tapisseries aux murs et peintures de Le Brun aux plafonds. Des lustres de cristal magnifient les pièces. L'ivoire, la marqueterie et le bois précieux se disputent la place. Le Petit Cabinet des jeux, qui fut celui de Fouquet, comporte un plafond de Le Brun représentant le Sommeil. La voussure et le lambris sont ornés d’un décor comportant divers animaux. L’Antichambre du Roi est marquée par l’alternance de peintures et de bas-reliefs : l’ovale central du plafond comprend une peinture du XVIIIe siècle. Au centre des voussures se trouvent quatre peintures : Diane se déchaussant après la chasse, L’Amour et la Foudre, Achille implorant Vénus de lui rendre le Bouclier que l’Amour lui a dérobé, L’Amour et un cep de vigne.

Direction le grand salon, le chef-d'oeuvre du château de Vaux-le-Vicomte. Ancienne salle des gardes au XVIIe siècle, il est une pièce unique dans l'histoire de l'architecture française. Son originalité provient de sa forme ovale. Destinée à accueillir les fêtes et à accéder aux jardins, cette vaste pièce - 19 mètres de long, 14 mètres de large et 18 mètres de haut - n'était pas appelée à être meublée. Le plafond de la coupole devait être peint du Palais du Soleil par Charles Le Brun, représentant l'astre solaire avec l'emblème de Nicolas Fouquet : l'écureuil ; ce dessin fut gravé par Audran, mais cette décoration ne fut pas réalisée. La coupole est soutenue par une magnifique série de seize grands termes sculptés par François Girardon, douze portent les signes du zodiaque et quatre, les symboles des quatre saisons. Le sol est constitué de pierre blanche et d'ardoise avec, au centre, un cadran solaire. La pièce est décorée de quatre bustes de l'époque de Fouquet représentant des personnages romains : Octavie, sœur d'Auguste, Britannicus, Octavie, épouse de Néron, et Hadrien; les douze autres bustes romains sculptés à Florence au XVIIe siècle provenant de la « Villa Pompéienne » (détruite) du prince Napoléon, avenue Montaigne à Paris.

La bibliothèque royale, la chambre du roi surmontée des peintures de Le Brun suivent immédiatement après le salon ovale. Il s'agit de la pièce la plus richement décorée du château (stucs rehaussés de feuilles d'or notamment des lions moulés représentant la puissance royale, trophées), Louis XIV n'y a jamais dormi. Sur la frise de palmettes à la base de la corniche du plafond, des coquilles Saint-Jacques alternent avec les écureuils, élément du blason des Fouquet. Aux angles de la voussure sont des stucs en forme de figures ailées, d'anges casqués, de guirlandes encadrant les lettres « F » (Fouquet) entrelacées dans des écus d’argent ; au plafond se trouve une peinture de La Vérité soutenue par le Temps, et dans les lunettes sont représentées des dieux symbolisant le génie de Foucquet : Bacchus pour l’Abondance, Mars pour la Valeur, Mercure pour la Vigilance et Jupiter pour la Puissance. Dans l'enfilade, se trouve la salle de bain. Viennent ensuite les cuisines. Celle-ci est à l’opposé de la salle à manger, mais communique avec le buffet du rez-de-chaussée grâce au couloir longitudinal. Deux couloirs latéraux furent ajoutés en 1659 sur ordre de Vatel, alors maître d’hôtel de Nicolas Fouquet.

Direction les jardins qui ont tant inspiré Versailles... Ceux situés au sud du château sont remarquables par leurs dimensions et leur style. Les arbres taillés, les bassins, les statues et les allées en font un jardin à la française. Pour les dessiner, son concepteur, Le Nôtre, utilise les effets d'optique et les lois de la perspectiv.L'arrivée au château se fait par un alignement bilatéral de 257 platanes. Impressionnant ! Cet alignement long de 1.400 mètres est classé monument historique.
Le jardin se compose de trois parties : la première comprend une cour et une avant-cour ; la deuxième part du château et s’arrête aux petits canaux ; enfin, la troisième partie est constituée de ce qui est situé au-delà des petits canaux.

Plus les éléments du jardin sont éloignés du château, plus ils sont longs ou hauts. Ainsi, le parterre de « broderies » est trois fois plus petit que le parterre de gazon situé au bout du jardin. De même, le bassin carré est huit fois plus grand que le Rond d’Eau. Les sculptures proches du château sont trois fois moins hautes que les termes des grottes. Ce procédé permet de rendre le jardin plus petit qu’il n’est en réalité.
Les jardins qui s’étendent à partir du château se composent de terrasses avec des parterres et rien ne vient troubler sa dominante horizontale. Les parterres de « broderies », les plus proches du château étaient considérés à l’époque de Fouquet comme l’ornement le plus noble d’un jardin.
Le Parterre de la Couronne, à gauche, comporte une couronne royale dorée située au centre d’un bassin, en hommage au Roi, dont la chambre du rez-de-chaussée se situe lui aussi dans la partie gauche du parc. Au Sud de cet ensemble se trouve un axe transversal; à sa gauche se trouve la Grille d’Eau. À l’opposé, à la droite de l’axe central, se trouve une vraie grille devant donner sur un potager que Le Nôtre n’eut pas le temps d’achever. Un troisième axe transversal sépare la Grotte des jardins.
Le château se reflète dans le Bassin Carré, situé à 500 mètres de lui. C’est pour le Grand Canal que Le Nôtre fait le plus de travaux. Vue du château la Grotte semble être située juste après le Grand Bassin, or, entre eux se trouve le Grand Canal, long de 875 mètres et large de 35. En effet, Le Nôtre a créé une dénivellation masquant le canal aux yeux du visiteur, pour n’apparaître qu’à son approche.
Face à la Grotte se trouvent les cascades, invisibles depuis le château. La Grotte est en grande partie en pierre brute, les sculptures furent dessinées par Charles Le Brun. Les statues de fleuves sur les côtés représentent le Tibre et l’Anqueil; huit atlantes encadrent sept niches. Vue de loin, la Grotte semble faite en pierre à peine travaillée et les niches ont l’air d’abriter des sculptures très ouvragées, mais vue de près, c’est le contraire; elle est encadrée d’escaliers, de rampes et de terrasses.
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